Les entreprises partir leurs managers et parfois même des dirigeants. Comment ces collaborateurs privilégiés peuvent-ils abandonner leur carrière pour se lancer dans le monde associatif voire dans l’économie sociale et solidaire ? C’est bien la quête de sens. Cette démarche ne vient pas du jour au lendemain et demande un processus d’appropriation d’information et d’acceptation du changement, même radical. Explorons ensemble les étapes de cette modification de mindset.
Quitter l’entreprise, oui mais pour faire quoi ?
Les entreprises restent les premiers recruteurs de diplômés car elles offrent des conditions de travail propices à la reconnaissance et à l’enrichissement sous toutes ces formes. Pour bénéficier d’un salaire intéressant, point de salut : prouvez vos compétences par des performances régulières ET soyez doté d’un savoir être solide, vous réussirez. Si vous êtes doué dans le traitement rapide dans vos missions, et résistez aux pressions de toutes sortes mais qu’en plus, votre compréhension du secteur de l’entreprise va au-delà de votre job description alors vous deviendrez manager aisément. Votre capacité à assumer une visibilité internationale (attention l’erreur est fatale), à être multilingue et à ne pas être les yeux fixés sur l’horloge, sont autant de soft skills incontournables. Le petit plus ? Etre force de propositions dans les chantiers RSE, sans contrepartie de temps de travail ou de salaire, parce qu’on sait que « cela vous tient à cœur ». Vous venez de monter sur le « podium des collaborateurs en or ».
Si l’acquisition de titres saupoudrés de sujets écologiques peuvent satisfaire les managers en quête de sens, il y a une contrepartie mal vécue : le gel des primes pour des raisons confuses ou exogènes, la stagnation de carrière, la mise au placard quelques années plus tard. Voire le harcèlement sous quelle que forme que cela soit, le refus de congés ou de formations additionnelles. Ce manque de reconnaissance parfois ponctuelle et souvent structurelle, n’a rien a voir avec vos performances. Or cela demande une immense capacité de résilience, qui détruit les plus passionnés.
Au delà de l’expérience entre entreprise qui peut aussi être plus apaisée, se posent les questions :
- Mon appende pour ce métier est-elle intacte ?
- Pourquoi suis-je émotionnellement voire physiquement épuisé(e) ?
- L’absence de liberté, de confiance ou d’autonomie deviendrait-elle insupportable ?
- Mes valeurs sont-elles en phase avec la raison d’être de l’entreprise et leurs dirigants ?
- Les tâches répétitives vont-elles être gommées par l’IA à moyen terme ?
- Mon apport à la société, mes enfants et à la vie future est-il réel ?
- Pourquoi suis-je devenu (e) plus taciturne ?
- Pourquoi ma motivation semble avoir diparue ?
Ces questionnements inconfortables arrivent aux meilleurs d’entre nous ! Et parfois les collaborateurs quittent le navire car approcher le burnout n’est pas une expérience enviable. Ainsi les entreprises attirent, usent et abusent du staff, sans soucis du turn over. L’attrition semble faire partie du décor et certains employeurs ne tiennent pas compte des causes réelles et sérieuses d’une démission : « c’est une question de personne, on n’a pas le temps de se poser sur le fond ou la véracité des propos des partants, trouvons quelqu’un d’autre » ai-je entendu dans les couloirs d’une PME. C’st alors que les DRH les plus courageux/ses dénoncent l’absence d’intégrité voire même d’éthique. Les gens démissionnent « quand l’hypocrisie devient trop significative » me confie l’ex-DRH d’Oxiatis.
Comment la quête de sens devient-elle LA préoccupation majeure ?
Pour ma part, j’ai vu le film d’Al Gore « une Verité qui dérange » en 2009. J’ai alors ressenti un véritable déclic sur la dangerosité du changement climatique et l’absurdité de la société de l’hyper-consommation. J’étais alors Manager dans une ETI. Manipuler au quotidien 25 logiciels de gestion de marketing digital pour générer des leads sur internet, tout en constatant l’absence de considération environnementale de mon secteur, ont développé chez moi une dissonance cognitive si puissante que j’ai quitté l’entreprise en 15 jours. Mon idée ? Me former vite et bien et obtenir un MBA en Marketing et Développement durable à l’ILV de Nanterre pour transformer mon métier en plein coeur. Puis, je me suis formée en RSE auprès du Cabinet E&H, en Green IT auprès de Frédéric Bordage, en éco-conception auprès du Pole du même nom. Et pour finir, j’ai approché l’organisme de formation à la RSE pour les PME nommée Lucie, puisqu’entre temps, j’avais quitté Paris pour les Bouches-du-Rhone.
Puis, j’ai continué avec l’Institut du Numérique Responsable qui a démystifié la dimension technique du green IT pour rendre le sujet accessible à tous. « A ce jour, pour être en phase avec mes convictions, je co-écrit avec quelques pairs les bases du marketing responsable. J’anime des ateliers d’intelligence collective dans l’enseignement supérieur comme en entreprise. Aujourd’hui, je me sens plus utile au monde qui m’entoure ».
Voici un autre témoignage, celui de Ronan De La croix, rencontré au QG des Ecoacteurs de Marseille, en fin avril 2022. « J’ai quitté un grand groupe de publicité afin de monter un média associatif tourné vers l’engagement citoyen. Ce qui m’a attiré dans l’aventure c’est la rencontre de personnes déterminées et orientées vers la réduction de l’impact environnemental, mais aussi focalisées sur la liberté d’entreprendre. J’ai eu l’impression de poursuivre une quête utile et de faire ma part de citoyen actif. Ce qui reste le plus dur ? Le manque de compréhension de mes proches et la réduction de salaire ». Aujourd’hui Ronan fait partie de l’équipe organisatrice du Salon Change Now et fait intervenir des artistes de toutes les disciplines pour créer des sculptures monumentales à partir de déchets, une première en France !
La quête de sens ? Oui car voici Camille, une mère de famille médecin de 50 ans qui garde l’anonymat, qui témoigne au micro d’un Podcast diffusé par Greenpeace « depuis que j’ai lu « La fin du pétrole », il y a 20 ans, une avalanche de prises de conscience m’a envahie. C’est comme si j’avais procédé au changement logiciel de mon cerveau. J’ai rompu avec mon ascension professionnelle internationale car elle n’avait plus grand intérêt. J’ai progressivement cessé de voyager en avion et j’ai choisi de vivre simplement après avoir réduit mon temps de travail. Cela me permettait de m’occuper mieux de mon fils et de défendre mes convictions. » Camille est devenue activiste pour l’ONG car « il y a urgence à stopper les entreprises climaticides. »
Les associations forment les gens pour qu’ils « expérimentent sans être jugés »
La technique des associations c’est qu’elles partagent et diffusent la connaissance, montent des projets atypiques et hors normes, parfois débouchant sur des emplois sur-mesure. Former les adhérents gratuitement sur leurs sujets de prédilection permet de rendre les bénévoles plus « experts ».
Les associations donnent l’occasion d’animer des groupes de travail, de recréer du lien avec les citoyens, de renouer avec la philosophie, et de recréer un réseau personnel et professionnel tout.à fait différent. La Fresque du Climat a été pionnière pour informer, mobiliser, animer et former massivement au changement climatique. Elle n’a pas tardé a embaucher des animateurs quelques mois après sa création. Suivent la Fresque du Numérique qui a embauché 3 personnes en moins de 18 mois. Idem pour l’assocation 1dechetparjour qui communique, agit, grandit autant à Marseille qu’à Paris. Pour les associations professionnelles comme l’INR, l’AGIT, l’ADETEM, le travail de Think Tank est aussi approfondi et permet des avancées significatives sur des corps de métiers voire des filières.
Pole Emploi soutien les changements de carrières. L’Etat aide sous différentes formes, cela permet à ceux qui ont cotisé assez longtemps, de partir explorer d’autres métiers. Devenir freelance via le soutien de Pole Emploi de l’Apec, ou de Makesens, Live Mentor ou de Lancetonidée, devient possible si l’envie de changer est intelligemment accompagnée. Pour les plus entreprenants, la BPI ou l’ADEME ou les Régions financent la création d’entreprise. Vous l’aurez compris, les salariés brillants, curieux ou entreprenants, pensent par eux-mêmes, donnent du temps, de l’argent et de leur personne pour le bien commun dès qu’ils font un pas de côté.
Ni bobos, ni robots, les collaborateurs sont des gens conscients de ce qu’ils font. L’engouement pour financer Time for the Planet le démontre. Pour passer à l’action contactez monjobdesens ou Birdeo qui ouvrent la porte a ceux/celles qui veulent exercer leur métier dans une structure à impact. Sans tabou, ni barrières, vous pourrez sauter le pas et vous engager dans des missions qui ont du sens pour vous.